lundi 27 janvier 2014

Nous ne sommes pas des héros


Seize lycéens de Carentan, accompagnés d'une délégation d'élus bas-normands, ont rencontré quatre vétérans américains à Washington. Il s'agit des derniers témoignages du projet "70 voix de la liberté".

A deux pas du mémorial d’Abraham Lincoln, de Thomas Jefferson, de Martin Luther King. Sous une fine couche de neige à Washington, nous entrons dans un hôtel du quartier de Georgetown, quittons le froid, écoutons les souvenirs d’hommes âgés racontés à de jeunes bas-normands venus du lycée Sivard de Beaulieu de Carentan.

Ils posent des questions à William C. Notley, Henri Morgan et James A. Huston, tous trois membres de la 35e division d'infanterie qui débarqua sur nos plages le 6 Juillet 1944.

Trois hommes, trois récits, trois visions

Cette matinée du 24 Janvier 2014 est pleine de valeurs, de partage, de force et d'émotions. L’horreur : « J'ai vu le diable dans les yeux de cet arien, dans la haine qu'il avait en regardant ce juif ». La peur : « Elle est toujours présente, quand on traverse un fleuve, une route ». Mais aussi de belles images : « Mon plus beau souvenir de la Normandie, ce sont les pommiers en fleurs et ses près paisibles ». De la beauté malgré l’horreur.


L'après-midi : les lycéens rencontrent Herbert W. Levy (débarque à Utah Beach le 10 Juin 1944) qui a signé en fin de matinée, tout comme ses frères d'armes, la demande d'inscription des grands sites du Débarquement au patrimoine mondial de l'UNESCO.

Herbert W. Levy est un vétéran qui a de l'humour : "j'ai écrit 4 lettres pour protéger mes proches, j'avais demandé à un ami de les envoyer pour qu'ils ne sachent pas que je débarquais en France. J'avais d'ailleurs trois petites amies". Et beaucoup d'humilité : "Je ne me considère pas comme un héros, j'ai fait ce que l'on me disait de faire et je pense l'avoir bien fait" et porteur de belle valeur : "j'ai retrouvé la vie avec la victoire".

Le message est transmis :  « le secret du bonheur c’est la liberté, le secret de la liberté c’est le courage » (James A. Huston).
Soixante-dix ans après, la mémoire est vive ! Le 6 juin prochain, les Bas-Normands comptent sur eux. La délégation régionale leur a remis une invitation pour les commémorations du 70e anniversaire du D-Day.

William C. NOTLEY dit Bill:
« L'expérience la plus terrifiante de ma vie a été l'impression de voir le diable en personne : voir la haine dans le regard de cet homme parce que j'étais juif. »

Henry MORGAN :
« Ne soyez pas militaristes mais soyez toujours prêts à défendre la liberté. »

James A. HUSTON:
« Les autres soldats étaient mes camarades, on ne se sentait jamais seul, c'était bon pour le moral, nous nous aidions mutuellement. »

Jérémy, Quentin, Thomas et Edouard font partie des seize lycéens manchois à avoir posé des questions aux vétérans américains. Ils livrent leur impression.
Jérémy : « Ce fut un échange vraiment enrichissant. On est fier de pouvoir ensuite en rencontrer d'autres en Normandie autour du 6 juin dans le cadre de cérémonies officielles avec notre lycée. »
Quentin : « Je suis fier de faire partie la dernière génération à entendre directement leur témoignage sur la guerre. À nous de transmettre le message, en complément des programmes d'histoire qui ne comportent pas cette dimension humaine. »
Thomas : « C'est important pour nous car nous sommes natifs des plages du débarquement et nos familles ont vécu cette guerre ».
Édouard : « C'était très intéressant. Quatre personnalités, quatre visions différentes. Se tenir devant eux, lire l'émotion sur leur visage, c'est une expérience marquante. »

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